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INTERNATIONAL

CSW69 : le Nigeria se bat pour les femmes malgré les menaces


Alwihda Info | Par Dr Florence Omisakin, journaliste indépendant et humanitaire - 16 Mars 2025


La soixante-neuvième session de la Commission de la condition de la femme (CSW69) se déroule actuellement au siège des Nations Unies à New York. Elle réunit des représentants des États membres, des entités des Nations Unies et des ONG accréditées auprès de l'ECOSOC du monde entier.


Vue de la salle de l'Assemblée générale, à l'occasion de la soixante-neuvième session de la Commission de la condition de la femme (CSW69/Beijing+30). Photo : media.un.org
Vue de la salle de l'Assemblée générale, à l'occasion de la soixante-neuvième session de la Commission de la condition de la femme (CSW69/Beijing+30). Photo : media.un.org
Cette session revêt une importance particulière, puisqu'elle marque le 30ème anniversaire de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing, un cadre historique pour la promotion des droits des femmes à l'échelle mondiale.

La CSW69 se concentre sur un examen complet des progrès accomplis depuis la 4ème Conférence mondiale sur les femmes de 1995, évaluant les réalisations, les défis persistants et les nouvelles stratégies visant à accélérer l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. Les discussions soulignent également la contribution de ces efforts à la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030.

Discours du Nigeria à la CSW69
Dans son discours d'ouverture, la ministre nigériane de la Condition féminine, Imaan Sulaiman-Ibrahim, a réaffirmé l'engagement du pays en faveur de l'égalité des sexes et a souligné les principales réalisations :

Représentation des dirigeants : Les femmes nigérianes occupent 22 % des postes de direction dans le secteur privé, dépassant la moyenne mondiale de 20 %. Il est à noter que 40 % des principales banques commerciales du pays sont dirigées par des femmes et, depuis 2015, elles occupent systématiquement des postes de direction dans la fonction publique.

Protections juridiques : La loi sur l'interdiction de la violence contre les personnes et la loi sur les droits de l'enfant, ont été transposées dans plus de 95 % des 36 États du Nigeria, renforçant ainsi les garanties pour les femmes et les enfants.

Autonomisation économique : Dans le cadre du programme « Renewed Hope » du président Bola Ahmed Tinubu, le Nigeria a élargi ses programmes de protection sociale, afin de lutter contre la pauvreté des femmes, de lutter contre l'action climatique et de résoudre la crise de la déscolarisation. Le programme « Nigeria pour les femmes » vise à atteindre 4,5 millions de femmes au cours des trois prochaines années.

Sécurité et violences sexistes : Le Nigeria continue de lutter contre les violences sexistes, grâce à des mécanismes de réponse renforcés, des campagnes de sensibilisation et des interventions centrées sur les survivantes. De plus, le Plan d'action national relatif à la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies garantit que les femmes jouent un rôle dans les stratégies de sécurité nationale.

Défis et perspectives d'avenir
Malgré les progrès réalisés, la ministre a reconnu que la représentation des femmes aux postes électifs restait en deçà des objectifs. Le Nigeria milite en faveur des réformes constitutionnelles et législatives pour combler cet écart. Elle a souligné l'urgence d'agir : mobiliser des ressources, renforcer les partenariats mondiaux et accélérer la mise en œuvre de politiques tenant compte de la dimension de genre.

La sénatrice Natasha Akpoti-Uduaghan porte l'affaire sur la scène internationale
Parallèlement, la controverse entourant la suspension de la sénatrice Natasha Akpoti-Uduaghan du Sénat nigérian a pris une ampleur internationale, la députée ayant porté son cas devant la réunion de l'Union interparlementaire (UIP) aux Nations Unies à New York.

La sénatrice Kogi a été suspendue du Sénat nigérian, après avoir déposé une pétition alléguant du harcèlement sexuel et des fautes professionnelles contre le président du Sénat, Godswill Akpabio, accusations que ce dernier a fermement démenties. Le Sénat a rejeté sa pétition avant de la suspendre, une décision qui a suscité un large débat au Nigeria.

S'exprimant lors de la session « Femmes au Parlement » de la réunion de l'UIP, la sénatrice Natasha a condamné sa suspension, la qualifiant d'illégale et d'exemple d'exclusion systémique des femmes du pouvoir politique.

« J'ai été suspendue illégalement parce que j'ai déposé une pétition pour harcèlement sexuel contre le président du Sénat nigérian, le sénateur Godswill Akpabio. Je pensais qu'en déposant cette pétition, il se récuserait et que nous nous soumettrions tous deux à la Commission d'éthique, des privilèges et des pétitions publiques pour une enquête équitable et transparente. Malheureusement, j'ai été réduite au silence et j'ai été suspendue. »

Elle a ajouté : « Cela signifie que je suis ici illégalement, mais je n'ai d'autre choix que de venir vous parler, car la situation est plus vaste. Elle illustre la crise de la représentation politique des femmes. Ma suspension ne me concerne pas seulement. Elle témoigne de l'exclusion systémique des femmes du pouvoir politique au Nigéria. »

La sénatrice Kogi a également exprimé des inquiétudes quant à sa sécurité, affirmant que des éléments indiquaient qu'elle pourrait être détenue contre son gré à New York, pour avoir pris la parole lors de l'événement mondial.

Son cas a suscité de plus en plus d'appels de la part de la société civile et d'observateurs internationaux, qui affirment que sa suspension porte atteinte à la participation politique des femmes et à l'application régulière de la loi au Nigeria.

L'honorable ministre de la Condition féminine, Imaan Sulaiman-Ibrahim, présente son rapport. Photo : webtv.un.org
L'honorable ministre de la Condition féminine, Imaan Sulaiman-Ibrahim, présente son rapport. Photo : webtv.un.org

Natasha Akpoti-Uduaghan au forum de l'ONU. Photo; le soleil.ng
Natasha Akpoti-Uduaghan au forum de l'ONU. Photo; le soleil.ng



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